Georges Aillaud est décédé.
Notre ami Georges nous a quittés après de pénibles péripéties médicales qui ont eu raison de sa santé fragile. Depuis de nombreuses années Georges faisait face sans en parler à plusieurs affections qui auraient courbé tout autre que lui. C’était, là, un des aspects de sa personnalité. Traitant la maladie avec rigueur, il la tenait avec élégance à distance de ses amis.
Après avoir terminé une brillante carrière d’ingénieur chez IBM que son combat de syndicaliste et ses convictions communistes n’avait qu’à peine entravée, il s’était pleinement adonné à ses passions pour la Commune de Paris et l’œuvre d’Aragon et d’Elsa Triolet. Dans son domicile montreuillois il avait patiemment accumulé une riche collection d’éditions originales des deux écrivains mais aussi des œuvres marquantes sur la Commune de Paris et la Révolution française, deux périodes dont il avait une connaissance érudite.
Concernant Aragon et Elsa Triolet, rien d’eux ou sur eux ne lui était étranger. Jusqu’à ses derniers instants il traquait sur internet ou par son réseau de libraires spécialisés les éditions originales de livres ou de revues dans lesquelles se trouvaient tel ou tel texte méconnu ou inconnu, en tout cas jamais répertorié.
C’est à lui qu’est dû la liste la plus complète à ce jour des Écrits sur l’art d’Aragon (Annales 8), le Dictionnaire des pseudonymes littéraires de la Résistance (Annales 11), si utile aux chercheurs, et surtout la Chronologie d’Aragon et d’Elsa Triolet de 1939 à 1945 (Annales 16). Les dédicaces d’Aragon à Jacques Duclos reproduites dans les Annales 5 figuraient sur certains livres de sa collection, souvent achetés à cause d’elles. C’est grâce à son réflexe d’acquérir la collection complète des Étoiles clandestines qu’avait pu être réalisé un reprint des Lettres françaises et des Étoiles au Cherche midi. Il a aussi régulièrement donné des articles à Faites entrer l’Infini et aux Annales. Son décès interrompt la réalisation d’autres projets.
Georges Aillaud était un ami fidèle et sûr, un militant accompli, un homme excellent dont on ne découvrait que peu à peu toute la richesse d’âme et la générosité.
Nous exprimons notre sympathie à sa femme Claude, ses enfants et petits-enfants, sa sœur Catherine et à tous ceux qui lui étaient chers.
Pour le Bureau de la SALAET,
François EYCHART